APREM #11 : Machines à fantômes
5, 6 et 7 novembre 2024
APREM (Ateliers, Partages, Rencontres des Ecritures en Mutation) est un dispositif d’expérimentation qui vise à réunir des artistes numériques, de la scène, plasticiens, des scientifiques, chercheurs, théoriciens que Franck Bauchard, Jean-Claude Dargeant et Valérie Cordy ont mis en place en 2012.
L’idée que certaines forces mystérieuses puissent influencer ou interagir avec le monde physique est profondément ancrée dans l’histoire de l’humanité qui a, depuis des siècles, tenté de comprendre et maîtriser les forces invisibles qui l’entourent en utilisant des moyens variés pour communiquer avec l’invisible, voire avec l’au-delà.
Au 18e siècle, des tentatives de communication avec l’invisible ont commencé à prendre des formes plus « mécaniques ». À cette époque, le magnétisme animal et les théories du mesmérisme fascinaient de nombreux scientifiques et philosophes, certains croyant que des forces invisibles, non encore comprises, pouvaient être canalisées et observées.
L’invention du télégraphe, permettant de transmettre des informations à distance via des fils, avec un aspect presque magique, fut rapidement perçu non seulement comme une avancée technologique majeure, mais aussi comme un potentiel intermédiaire entre les vivants et des forces invisibles, voire des défunts.Thomas Edison, l’inventeur du phonographe s’est attelé à la conception d’un appareil conçu pour permettre la communication avec les morts en enregistrant leurs voix. Ce dispositif fut plus tard désigné sous le nom de « nécrophone » par le philosophe français Philippe Baudoin.
Le téléphone, la radio et les premiers enregistreurs audio furent tour à tour utilisés par des chercheurs et des passionnés du paranormal, pour capter ce que l’on appellerait au 20e siècle, les Electronic Voice Phenomena (EVP) – des sons interprétés comme des voix venues d’un autre monde. Les tentatives de communication avec les esprits qu’elles soient mécanisées ou non perdurent encore aujourd’hui.
Avec les IA génératives, nous sommes face à une nouvelle ère. Ces technologies semblent capables de tenir des conversations si naturelles qu’on en oublie parfois que l’interlocuteur n’est pas humain. Mais à qui parle-t-on vraiment lorsque l’on dialogue avec une IA comme ChatGPT ? Peut-on dire que l’IA simule la conscience ou touche-t-elle à quelque chose de plus profond, une forme d’interaction inédite avec l’inconnu ? L’idée de « ressusciter » des individus via des répliques numériques (deadbots) pousse la réflexion encore plus loin, brouillant à nouveau les frontières entre le monde des vivants et celui des morts.
Comment nos machines influencent-elles notre perception et ce qui échappe à nos sens ?
Lors d’APREM#11, nous vous inviterons à explorer ces intersections troublantes entre l’intelligence artificielle et les mondes occultes. À travers un voyage historique et artistique, nous questionnerons le rôle des technologies dans notre quête de compréhension de l’invisible.
Nous accueillerons, dans le désordre et sans précision de leurs pratiques, des artistes, des chercheurs, des chercheuses, des professeur.e.s d’écoles artistiques, un illusionniste spécialisé en magie bizarre, un commissaire d’expositions.
La Fabrique de théâtre, laboratoire APREM, Frameries, Belgique, du 7 au 9 novembre.